Josette Faye
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Tolla... au fil du temps
Les plus anciennes maisons du village datent du XIVème et XVème siècle. L’agriculture et le pastoralisme furent les seules activités de cette région montagneuse. La vie du village a considérablement changé lorsqu’en 1965, un barrage (barrage de Tolla) fut construit aux abords de Tolla. ce barrage a non seulement changé le décor du site mais a contribué à modifier l’économie du village. Le tourisme a supplanté l’activité agro-pastorale. Soixante ans après sa construction, l’exploitation du lac a été adaptée.
Ainsi, une activité touristique à forte valeur ajoutée se développe...
Repères historiques
Le village a beaucoup évolué depuis le début du 20eme siècle, notamment avec la construction du barrage, mais Tolla garde son identité grâce notamment à son patrimoine bâti :
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1908 : Construction des 1ères fontaines
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1927 : début du service du car reliant Tolla à Ajaccio pour les passagers les marchandises et le courrier
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1933-34 : Arrivée de l’électricité
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1942 : Autocar de Joachim Marti assurant la liaison Ajaccio-Ajaccio -Tolla (photo véhicule AJACCIO-BASTELICACCIA-OCANA-TOLLA)
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1947 : Installation de l’eau courante
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1949 : Installation générale de l’électricité
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1959-1960 : Construction du barrage
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1959-1960 : Installation du tout à l’égoût
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Fin des années 1960 : Début de la collecte des ordures ménagères
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Début des années 1970 : lancement des activités nautiques sur le lac
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1971 : Fermeture de l’école communale
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Années 1980-1990 : constructions des 1ers logements sociaux
Évolution du nombre d'habitants à Tolla
Avant la première guerre mondiale, Tolla comptait plus de 600 habitants. La construction de la route d'Aiacciu à Todda, entre 1871 et 1901, avait contribué à désenclaver le village.
Les Tollais (I Tuddinchi)
La vie au quotidien était rythmée par les travaux des champs.
Paysans, artisans et journaliers étaient l’âme du village. Ils participaient activement à cette rude vie. Chaque famille possédait quelques vaches et quelques cochons. Les animaux, notamment les vaches, servaient de monnaie d’échange.
Les villageois descendaient en ville, avec des charrettes, vendre leurs produits (légumes, pommes, charcuterie) au marché. En 1927, Joachim Marti crée le premier service postal et de passagers à Todda.
Le village comptait 7 bars qui ont fonctionné jusqu’à la fin des années 1950. Bien que les familles fassent leur pain au four des quartiers, Zia Bianca Marti fut la première boulangère du village à vendre le pain.
Puis Jeanne Salvadori ouvrit une boulangerie au centre du village. Elle a fermé dans les années 1970.
Deux bouchers exerçaient leur activité au village : Félix Salini et Dominique Marti. C’est dans les années 1876 que Jean-Baptiste Marti, gendarme à la retraite, et son épouse Santa ouvrirent la première épicerie du village... L’épicier fut ainsi surnommé le père des pauvres.
Le fils Jean et son épouse Madeleine développèrent ensuite le commerce qui devint une sorte de drugstore où l’on trouvait de tout, comme aujourd'hui à l'épicerie solidaire "A Buttega".
L'École
L’école comptait 2 classes mixtes avec une quarantaine d’enfants à la fin des années 1930. Les enfants allaient jusqu’au CM2 à Todda puis certains allaient à Aiacciu ou à Bastelica au collège.
Le nombre d’élèves ne cessa de diminuer pour compter une vingtaine d’élèves au début des années 1960 puis 5 ou 6 au début des années 1970 ce qui entraîna sa fermeture.
(Photo) Page de cahier de Jean-Baptiste Casalta 1941, Maire de Tolla de 1969 à 2014
Les métiers d'antan
Du fait de l’éloignement du village par rapport à Aiacciu et du manque de moyens de transport, de nombreux métiers artisanaux étaient exercés au village dans la première moitié du XXe siècle et jusqu’après-guerre.
Les charbonniers - i carbunari
La plupart étaient des italiens qui venaient en Corse à partir du mois d’octobre jusqu’en mars-avril. Embauchés et logés par des entrepreneurs, ils parcouraient les villages à la recherche de coupes de maquis. Les muletiers s’occupaient de transporter ensuite le charbon dans des sacs jusqu’aux routes. Le transport vers Aiacciu se faisait déjà par camion. Le charbon était vendu aux ménages pour la cuisine et le chauffage. L’arrivée des réchauds à gaz après la guerre a fait disparaître ce métier.
Les arracheurs de bruyères - I tamaghjoli
Les fabricants de pipes fabriquaient leurs objets à partir de souches de bruyère. A Todda "a scopa était abondante dans le maquis, le métier s’exerçait en solitaire. Il fallait pénétrer dans le maquis à l’aide d’une serpe (u pinatu), creuser la terre autour de la tige avec la pioche (u zapponu) pour estimer la grosseur de la souche.
Selon son état, il procédait ensuite à l’arrachage. A l’aide d’une herminette,
la souche était ensuite débarrassée
de ses excroissances et des impuretés (cailloux, terre, etc.) puis polie.
Les cordonniers - Ii scarpari
Ils étaient au nombre de trois dans le village jusqu’aux années 1945-1950 et y habitaient. Leurs établis se trouvaient dans leurs maisons. Pierre Valery et François-Marie Casalta savaient faire des chaussures de campagne tout en cuir et aux semelles cloutées.
Noël Casalta dit Natiettu, retraité maitre-bottier de l’arsenal de Tunisie, était un homme très raffiné qui aimait chausser les jeunes femmes.
L'Église paroissiale
Saint Léonard
La façade a belle allure avec son inscription latine rappelant sa construction à la fin du XIXe siècle. Compte tenu de son orientation, l’intérieur est toujours baigné d’une lumière douce mettant en valeur les objets qui la peuplent. L’environnement de l’église, avec la place aménagée dans le fond en amphithéâtre, la fontaine datée 1908 et le monument aux morts, est tout à fait proportionné et d’une grande quiétude. Cette église ou chapelle Saint-Léonard a peu évolué au cours du XIXe siècle jusqu’à sa reconstruction, achevée en 1893, et l’installation de plusieurs tableaux.
L’église est dédiée au culte de saint Léonard depuis longtemps et, selon différentes sources, en 1586, la chapelle de Tolla était, tout comme celle d’Ocana, une annexe de la paroisse de saint Nicolas fondée à la Salviolaccia (actuellement sur la commune d’Ocana). La population des trois entités était alors de 500 âmes environ. On peut ainsi estimer que sa construction daterait du XVIe siècle[1]. L’édifice figure sur le Plan terrier dressé en 1785 et n’était, à cette époque qu’une chapelle. Au cours du XIXe siècle, elle a fait l’objet de travaux réguliers malgré les faibles revenus de la fabrique[2] et de la commune.
Le barrage et le lac de TOLLA
Après la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement à partir de 1957, les besoins en énergie électrique et en eau découlant des orientations générales (développement du tourisme, utilisation rationnelle du potentiel agricole et forestier, etc.), du programme de rénovation de l’économie insulaire ont rapidement nécessité l’augmentation des capacités déjà installées.
Le barrage de Todda, est l’ouvrage clé de tout l’aménagement hydraulique à buts multiples du Prunelli : production d’énergie hydroélectrique, fourniture d’eau potable et irrigation de terres agricoles en plaine. A l’époque, l’acceptation de cet ouvrage pose quelques difficultés parmi la population locale qui se voit dépossédée de ses plus belles terres agricoles (vergers, zones de pâturages).
C’est pour répondre à ces besoins que ce premier projet de grand ouvrage hydroélectrique en Corse a été lancé. L’analyse de la topographie du territoire, et notamment l’existence sur la commune de Tolla d’un verrou de vallée permettant de capter un bassin versant de 132 km2, a été un facteur déterminant dans le choix de l’emplacement du futur barrage. C’est donc en 1958 que débute la construction sur la commune de Tolla de ce premier grand ouvrage hydroélectrique en Corse, dont le chantier est confié à une jeune entreprise d’Etat, EDF, fondée en 1946 et regroupant pas moins de 1000 entreprises présentes dans les domaines de la production, du transport et de la distribution d’électricité.
Le premier remplissage complet de la retenue a lieu en 1965, suivi de près par la mise en service des installations ; c’est le début d’un partenariat fort entre la commune de Tolla et l’entreprise EDF, qui œuvrent main dans la main depuis maintenant une soixantaine d’années, au service du territoire et de ses habitants.
Pendant sa construction, le barrage a permis de créer de l’emploi et une petite activité économique. Ce dynamisme a été éphémère puis, après la construction du barrage, le village subit l’exode rural et commence à se dépeupler passant de 500 habitants en 1955 à 300 en 1962 pour n’en compter qu’une cinquantaine dans les années 1980.
Le patrimoine bâti
Rechercher l’histoire de Tolla durant le Moyen Âge, c’est retrouver la vie d’une communauté rurale de Corse sur le temps long, dans sa sérénité. Ici point de hauts faits, de grands personnages ou de riches monuments mais des hommes attachés à la terre qui les fait vivre, une histoire faite de chemins, de hameaux, de fontaines, de carrefours reliant ce territoire aux vallées environnantes, aux plateaux d’estive, à la côte et au-delà. la recension des sites médiévaux permet de repérer les toponymes évocateurs du castellu di romara et du castellu di a petra mala qui contrôlent les crêtes faisant limites avec la vallée de la Gravona.
Entre 1769 et 1770, au lendemain du rattachement de la Corse à la France, l'administration de Louis XV procède à un premier dénombrement, dit Choiseul, de l'île. A Tolla, les 257 habitants constituent 45 feux et 16 demi-feux. Dans son commentaire, l'enquêteur précise que la commune produit de l'orge, du seigle, du tabac, de l'huile d'olive et des châtaignes que les habitants vont vendre à Ajaccio.
Nous trouvons ces traces à travers tout le village et
malgré des changements importants qui ont jalonné son histoire, Tolla a gardé son identité grâce notamment à son patrimoine bâti.
Les fours à pain
Les fontaines
Les lavoirs
Les sites médiévaux, i Casteddi
Les Maires de Tolla depuis 1797
1797 à 1811 Rossi Giuseppe
1811 à 1816 Coltelloni Giovan Battista
1816 à 1821 Vincenti Gio Vicenso
1819 à 1821 Martini Antonio
1821 à 1826 Coltelloni Mattéo
1826 à 1828 Casanova Domenico Antonio
1828 à 1828 Bartoli
1829 à 1832 Coltelloni Filippo
1832 à 1836 Vincenti Giacomo
1836 à 1855 Casanova Gio Antonio
1855 à 1870 Casanova Jean Dominique
1870 à 1884 Coltelloni Renuccio
1884 à 1888 Casanova Jean Dominique
1888 à 1896 Martini Jean Noël
1896 à 1910 Salini François Antoine
1912 à 1914 Paolontonacci Pierre François
1914 à 1919 Salini Nicolas
1919 à 1929 Casanova Francois Marie
1929 à 1938 Salini Dominique
1938 à 1942 Casalta Joseph Michel
1942 à 1944 Salini François Antoine
1944 à 1945 Vesperini Jean Dominique
1945 à 1953 Salini Jean Mathieu
1953 à 1965 Casanova Joseph
1965 à 1967 Casalta Jean-Paul
1967 à 1969 Filippi Paul
1969 à 2014 Casalta Jean-Baptiste
Depuis 2014 Vincenti Dominique
Contribution textes : Selon textes de Erick Casalta, Jean-Baptiste Casalta, Jean-Baptiste Marti, Jean-Baptiste et Salvadori, Philippe Colombani, André Flori, Benoît GERARDIN